- MARGINALISME ET NÉO-MARGINALISME
- MARGINALISME ET NÉO-MARGINALISMELe terme «marginalisme» est ambigu. On l’a vu couramment appliqué aussi bien à certains courants de la pensée économique soviétique qu’aux écoles libérales apparues il y a un siècle. L’ambiguïté réside dans le fait que l’on désigne par la même expression une doctrine et une technique. Dans la deuxième acception, le marginalisme est confondu avec l’utilisation du calcul différentiel pour la détermination des maximums et minimums des fonctions mathématiques formalisant les liaisons entre variables économiques. En ce sens, et au même titre que d’autres techniques, par exemple la programmation linéaire, il peut s’appliquer aux problèmes de planification globale ou d’entreprise. Dans la mesure où il désigne une doctrine, ce terme est inadéquat puisqu’il prend comme critère la méthode (le calcul à la marge) et non le contenu (la théorie de l’utilité marginale).C’est la doctrine plus que la technique, et son contenu plus que sa méthode qui retiendront notre attention. Sur la base de la théorie de la valeur subjective, marginalistes et néo-marginalistes élaborent une science économique qu’ils opposent à la fois à l’économie politique classique et au marxisme.1. Théorie de l’utilité marginaleDétermination de la valeur subjectiveLa doctrine marginaliste a pour origine la découverte de la théorie de l’utilité marginale réalisée dans les années 1871-1874 par trois économistes travaillant séparément: l’Anglais W. S. Jevons, l’Autrichien K. Menger et le Français L. Walras. Elle s’oppose à la théorie de la valeur-travail selon laquelle la valeur des marchandises a pour condition l’utilité (valeur d’usage) et pour substance la quantité de travail socialement nécessaire à leur production. Selon les marginalistes, la valeur dérive de l’utilité, qui apparaît au cours du processus d’estimation subjective par lequel l’individu entre en relation avec les choses. La notion d’utilité est initialement conçue psychologiquement: comme plaisir ou satisfaction. Cet hédonisme est abandonné par la suite. Les marginalistes distinguent l’utilité en général et l’utilité subjective. La première est l’aptitude que les hommes reconnaissent à un objet de correspondre à leurs désirs. L’utilité subjectivement appréciée est l’importance que le sujet attribue à un bien disponible en quantité limitée. Les biens ayant une utilité subjective sont définis comme étant biens économiques, par opposition aux biens libres qui n’ont qu’une utilité en général. Il s’ensuit qu’un même bien peut, selon les circonstances, appartenir à l’une ou l’autre catégorie: par exemple, «un verre d’eau dans le désert» et «la même quantité d’eau près d’une source».De l’utilité subjective, les marginalistes passent à la notion de valeur, c’est-à-dire au degré d’importance attribué par un sujet à une quantité donnée d’un bien. À mesure qu’un individu utilise des unités successives d’un même bien, le degré de satisfaction du besoin s’accroît et le «degré d’importance» attribué à chacune des unités restantes baisse. Toutes les unités de ce bien étant supposées interchangeables, c’est l’utilité de la dernière unité disponible (l’utilité dite «marginale») qui détermine la valeur subjective de toutes les autres. De même, si le bien satisfait plusieurs besoins, le degré d’importance attribué à chaque unité de bien est égal à l’utilité de l’unité affectée à la satisfaction du besoin le moins intense. S’il y a perte d’une quelconque unité de ce bien, cela provoque en effet une peine mesurée par l’intensité du besoin le moins intense à la satisfaction duquel le sujet doit renoncer. Dès lors, la valeur de chaque unité du bien composant la provision est égale à l’utilité de la dernière unité disponible, c’est-à-dire à l’utilité marginale de la provision de ce bien.Le marginalisme résout ainsi le problème de l’influence respective des deux éléments hétérogènes de la valeur, l’utilité et la quantité, auquel s’est heurtée la théorie de la valeur subjective depuis son apparition vers le milieu du XVIIIe siècle. Les biens qui, dans les circonstances ordinaires, sont disponibles en grande quantité peuvent avoir une utilité totale extrêmement élevée, mais, du fait de leur abondance, leur valeur est faible, et inversement.Détermination des prixLa théorie de l’utilité marginale est le fondement de la théorie marginaliste des rapports d’échange entre produits, c’est-à-dire des prix. L’échange implique que, pour chacun des coéchangistes, l’utilité marginale du bien cédé soit inférieure à l’utilité marginale du bien acquis. Au cours de l’échange d’unités de biens, le rapport entre les utilités marginales se modifie: la provision du bien cédé diminue (son utilité marginale augmente) et la provision du bien acquis s’accroît (son utilité marginale diminue). Lorsque le rapport entre les utilités marginales des biens est le même pour les coéchangistes, l’échange s’arrête puisque disparaît tout stimulant à le poursuivre. Le rapport entre les quantités échangées (le prix d’un bien en termes d’un autre) est alors déterminé. Mais la détermination du prix par l’utilité implique la réduction de la monnaie à simple numéraire. En mesurant les prix en unités monétaires, la théorie marginaliste s’énonce comme loi de proportionnalité des utilités marginales des biens à leur prix. En effet, si le rapport entre l’utilité marginale et le prix n’est pas le même pour tous les biens, le dernier franc dépensé en l’achat de biens pour lesquels ce rapport est inférieur procure une utilité plus faible que l’utilité retirée de l’achat des autres biens. La maximisation du bien-être subjectif implique que l’individu augmente ses achats de ces biens. La demande de ces biens s’accroît, ce qui se traduit par la hausse de leurs prix et la baisse de leur utilité marginale. Ce processus se poursuit jusqu’à l’égalisation des rapports des utilités marginales aux prix des produits. Et puisque aucun échangiste n’est tenu d’échanger ce qui est pour lui plus utile contre ce qu’il estime moins utile, la liberté des échanges apparaît comme avantageuse pour tous.Économie marginalisteLa théorie de la valeur subjective, pierre angulaire du marginalisme, fonde l’économie politique sur une conception individualiste de la société. Celle-ci est conçue comme un ensemble d’individus en concurrence pour la possession de quantités limitées de biens. Les besoins étant issus des instincts qui ont leur racine dans la nature, le point de départ est l’individu conçu comme entité naturelle. Les exemples cités par les marginalistes pour illustrer leur théorie sont significatifs. Nous sommes introduits dans un monde de «voyageurs dans le désert», d’«habitants d’une forêt vierge», de «rescapés d’un naufrage sur une île déserte», etc. La deuxième étape consiste à passer à ce que le marginalisme appelle «économie sociale», définie comme la rencontre, par l’échange, d’individus isolés voulant maximiser leur bien-être subjectif. L’échange n’est pas étudié comme phénomène social, il a sa racine dans le fait que le bien désiré par un individu est possédé par d’autres. Les lois du marché sont alors déduites des lois auxquelles obéit la psyché présociale de l’individu. En tant que relation entre les hommes, l’échange n’apparaît que comme un «incident technique» par rapport à la relation fondamentale entre l’individu et les choses.Il n’est pas étonnant qu’une économie politique construite sur de telles bases soit incapable d’expliquer les phénomènes économiques. Le marginalisme prend comme point de départ les utilités subjectives, alors que leur nature est forgée par les relations sociales, et le consommateur, alors que la place de l’individu en tant que consommateur est largement déterminée par sa place dans les rapports de production. La théorie aboutit souvent au raisonnement circulaire: par exemple, la théorie des prix repose sur l’hypothèse d’indépendance des échelles d’utilité par rapport aux prix alors que le sujet ne peut apprécier l’utilité des marchandises indépendamment de leur prix. Dès lors, tout ce que la théorie peut affirmer est que, dans les conditions de l’équilibre, les utilités marginales doivent être proportionnelles aux prix, autrement il n’y a pas équilibre. Plus fondamentalement, assumer comme donné ce qui est un résultat des forces socio-économiques signifie prendre ces forces comme données et, de ce fait, les laisser inexpliquées.Le marginalisme se pose en système théorique valable pour toute société. On commence par abstraire les phénomènes d’échange des phénomènes plus fondamentaux de la production et l’on obtient des généralisations présentées comme valables pour toute économie marchande. Ensuite, puisque, au-delà des phénomènes de prix et de marché contingents à l’économie marchande, il y a les jugements individuels sur l’importance des biens, apparaissent les phénomènes de valeur que l’on pense retrouver dans toute formation sociale. Estimant que le problème économique ne se pose qu’à partir du moment où existent ces appréciations, la théorie de la valeur-utilité devient le fondement de la théorie économique universelle et de l’universalité des lois économiques. Cette prétention du marginalisme et de son prolongement, le néo-marginalisme, est fondée sur l’adoption de la méthode d’abstraction par analogies. Cela est valable comme élément de toute généralisation. Mais, puisque la signification d’un objet réside dans ce qu’il a de différent par rapport aux autres, s’arrêter à ce qu’il y a de commun entre les différentes formations sociales ne donne la compréhension d’aucune. La mise en relation de l’objet avec ce qu’il n’est pas a précisément pour fonction de faire ressortir, mais pour les éliminer, les caractères communs, donc secondaires, et d’éviter ainsi d’attribuer à l’objet étudié les caractères appartenant à d’autres objets. De plus, lorsque l’abstraction fondée sur l’analogie est présentée comme exprimant l’essentiel d’une réalité historique, la théorie, privée de toute dimension historique, devient mystifiante. La production capitaliste est assimilée à la production en général, le capital est analysé comme instrument de production dont l’existence remonte à la fabrication des premiers outils et les lois économiques sont présentées comme les lois universelles de toute société.2. Tentative de justification du profitDans la seconde moitié du XIXe siècle, des structures productives (sociétés par actions, monopolisation de la production) se généralisent. Elles rendent de plus en plus opaques le cycle de reproduction du capital et les mécanismes de prélèvement et d’affectation du profit. C’est surtout à partir des années 1830 que la bourgeoisie est confrontée à la classe ouvrière – qui émerge comme force sociale cohérente – et à sa critique du capitalisme. Les préoccupations apologétiques de l’économie politique sont de plus en plus accentuées. Le problème de la justification du profit est posé. Cela implique l’abandon de la théorie classique qui explique le profit comme prélèvement effectué sur le travail et rendu possible par l’appropriation privée des moyens de production. Le marginalisme propose et systématise une explication alternative du profit. La position de la marge est liée à la limitation des quantités disponibles de produits, que la théorie présente comme condition de l’utilité marginale positive, et donc de l’existence des prix. Le marginalisme explique la limitation des produits par la limitation des facteurs nécessaires à leur production (travail, capital, facteurs naturels). La limitation des facteurs est exprimée comme coût de production. Elle est également la condition d’existence des prix des facteurs, c’est-à-dire des revenus de leurs propriétaires. À l’intérieur de ce cadre d’analyse, le marginalisme propose deux explications du profit.Productivité du capitalUne version de la théorie marginaliste part de l’hypothèse d’une offre donnée des facteurs, établie indépendamment des conditions du marché. L’utilité des facteurs, comme celle des autres biens, dépend de leur emploi, donc de leur productivité. Elle reflète l’utilité des marchandises dont les facteurs assurent la production. La valeur des facteurs dépend donc de leur productivité marginale qui, à l’état d’équilibre concurrentiel et dans l’hypothèse d’homogénéité des facteurs, est la même dans toutes les activités. (S’il n’en est pas ainsi, les facteurs tendent à se déplacer des secteurs où leur productivité marginale est plus faible vers les secteurs où elle est plus élevée.) Cela se traduit par l’unicité du prix de chaque facteur. La reconnaissance de la productivité du capital permet d’expliquer les revenus des propriétaires de capital et de travail sur la base du même principe: chacun reçoit une rémunération mesurée par sa contribution à l’activité de production.Cette théorie dissimule, derrière la rationalité et la justice apparentes du système de répartition du revenu entre les facteurs de production, la nature arbitraire et l’inégalité profonde de la répartition des facteurs entre les hommes. De plus, elle se heurte à une objection logique: on ne peut considérer le facteur «capital» comme donné sous la forme physique de masse hétérogène d’équipements. La tendance à la formation d’un taux uniforme de profit implique que les capitalistes puissent modifier la forme physique de leurs équipements selon la rentabilité relative des différentes activités. La quantité donnée de capital ne peut être considérée que comme valeur. La théorie tombe alors dans le raisonnement circulaire: au niveau global, la valeur du capital dépend de prix (salaire, profit) qui figurent parmi les inconnues du problème; les prix des facteurs ne peuvent être déterminés que si l’on connaît la valeur du capital, et la valeur du capital ne peut être déterminée que si l’on connaît les prix des facteurs.Théorie du « coût réel»Une autre version de la théorie marginaliste postule que l’offre des facteurs peut varier, mais qu’elle reste limitée en raison de la «désutilité» inhérente à l’accroissement de la quantité offerte de facteurs. Cette désutilité consiste, pour le capitaliste, dans le sacrifice (coût) subjectif de l’attente, c’est-à-dire de la détention du capital au lieu de sa transformation en consommation (satisfaction) présente; pour le travailleur, elle consiste dans le sacrifice de travailler. Le facteur offert doit donc avoir un prix, appelé prix d’offre. Dès lors, l’utilisation d’une certaine quantité d’un facteur implique qu’on lui assure un taux adéquat de rendement et de rémunération nécessaire pour maintenir l’offre requise du facteur. Cette rémunération est le taux de profit, égal au prix d’offre marginale de l’«attente», et le taux de salaire, égal au prix d’offre marginale de travail. Ainsi, capital et travail reçoivent une rémunération de même nature, compensation aux sacrifices supportés du fait de leur participation à la production.Cette théorie du profit ne saurait non plus être retenue. Un «sacrifice» ne peut être consenti que dans la mesure où son auteur peut se permettre le luxe de renoncer à d’autres emplois alternatifs. Cela ne dépend pas de l’action de l’individu, mais de sa position dans la société, qui explique aussi pourquoi il peut exiger un paiement pour cet acte. De plus, même en admettant qu’il existe un sacrifice dans l’attente, pour que ce coût fonde le profit du capitaliste, il faudrait qu’il soit supporté par la classe qui perçoit les profits. Il est vrai que ce sont les capitalistes qui prennent les décisions d’épargne. Mais ces mêmes décisions ne peuvent être prises qu’en vertu de l’aptitude qu’ils ont à épargner, qui est étroitement liée au niveau et à la nature de leurs revenus. Le «coût de l’attente» est alors supporté non par les capitalistes, mais par ceux qui, par leur faible rémunération, permettent la formation de revenus élevés, capables de financer l’investissement. Il existe, en outre, une difficulté d’ordre logique. Si le profit est analysé comme revenu de l’attente, il peut naturellement y avoir équilibre entre le taux de profit et l’investissement nouveau: l’épargne servant à son financement se forme jusqu’au point où cet équilibre est atteint. Mais l’explication de la part des profits dans le revenu national exige la détermination du taux de profit normal adéquat au stock de capital et non à son taux d’accroissement. Or, il ne peut y avoir d’égalité entre le taux de profit normal et le prix d’offre marginale du stock de capital puisque, dans ce cas, le stock de capital resterait constant: le capitaliste ne serait incité ni à l’accroître ni à le réduire, car cela nécessiterait que le taux de profit fût supérieur (ou inférieur) au prix d’offre marginale du capital. La réalité du capitalisme contredit ce type d’explication du profit, qui exclut logiquement l’investissement nouveau.3. Le néo-marginalismeNouvelle notion d’utilitéLe courant néo-marginaliste est issu de la troisième école de Vienne (H. Mayer, P. Rosenstein-Rodan, L. Schönfeld, L. von Mises, F. von Hayek, R. Strigl). Il détache le raisonnement marginaliste du psychologisme sommaire qui fonde la théorie de l’utilité marginale. On reconnaît que les utilités individuelles ne sont ni comparables, ni susceptibles de mesure. L’utilité est ordinale et non cardinale. Le sujet peut apprécier les différences d’utilité, mais ne peut pas exprimer ces différences par un chiffre. Le terme «utilité» est de plus en plus souvent remplacé par celui de «préférence», conçue comme grandeur et non comme quantité. La préférence ne peut être dégagée par l’introspection, puisqu’elle traduit des motivations d’une extrême diversité, sur lesquelles la science économique n’a pas à se prononcer. Elle est saisie comme préférence révélée: le comportement d’un individu que l’on observe sur le marché montre qu’il choisit et ce qu’il choisit. De cette manière, on prétend affirmer la «neutralité» de la science, fondement de l’«économie pure». Mais l’observation des comportements sur le marché révèle tout autant des préférences que des conditionnements sociaux. D’autre part, la consommation des uns pouvant limiter le bien-être des autres, la préférence révélée ne révèle pas ce qui est préféré.Calcul économique et optimumC’est sur ces bases fragiles que le néo-marginalisme propose une nouvelle approche du problème économique fondée sur le calcul économique, c’est-à-dire le processus d’appréciation des préférences en vue de l’adoption d’un plan d’emploi des biens disponibles, maximisant l’utilité globale. Ses composantes sont: 1o un système de désirs d’emploi (besoins) lié au bien-être subjectif, dont la nature est indéterminée; 2o une provision de biens limitée par le niveau de revenu du sujet et le niveau des prix; 3o des actes de disposition dont le but est la maximisation du bien-être subjectif (utilité globale).Le calcul économique procède de l’idée que, à côté de la complémentarité physique des biens (qui renvoie à la nécessité de leur action conjointe pour la satisfaction d’un besoin), il existe une complémentarité psychique fondée sur l’interaction des besoins et sur le fait que l’affectation d’un bien à la satisfaction d’un besoin implique le renoncement à d’autres emplois. Dès lors, le sujet prend en considération et évalue en même temps tous les biens dans tous les emplois possibles. L’utilité marginale d’un bien quelconque est alors mesurée par la différence existant entre l’utilité globale de la provision des biens y compris ce bien, et l’utilité globale de la même provision à l’exclusion de ce bien, calculée après la modification de l’emploi de tous les biens que la disparition du bien induit. En réalité, en raison de la rigidité d’une masse importante de besoins, la modification du plan d’emploi n’affecte que les emplois marginaux. La comparaison des utilités marginales dans les différents emplois décide du plan adopté. L’utilité globale est maximisée et, donc, l’emploi optimal des biens obtenu si, compte tenu de tous les emplois possibles, il y a égalisation des utilités marginales des biens pondérées par leurs prix.Déclin de l’économie politique comme science socialeLe néo-marginalisme transforme l’économie politique en science formelle des choix rationnels. Le critère de rationalité est identifié à la maximisation d’un quelconque objectif que l’on interprète comme l’expression du bien-être individuel. L’économie politique s’éloigne ainsi de son objet premier: l’étude d’un domaine de l’activité humaine , celui des rapports sociaux créés au cours du processus de production et de répartition des produits. Elle est définie comme la science de l’aspect particulier de toute activité humaine , qui correspond au comportement selon le principe de l’économicité. Comme le dit l’un des plus éminents représentants de cette école, L. von Mises, elle est une praxéologie et, à ce titre, une théorie générale de l’action humaine. Ainsi apparaît une nouvelle forme d’universalisme fondé sur l’identification des principes praxéologiques avec les lois économiques. L’économie politique perd son caractère de science sociale ainsi que toute capacité d’interprétation de la réalité. En 1932, entouré du plus grand chômage de travailleurs et d’équipements que le capitalisme ait connu au cours de son histoire, L. Robbins systématise sur le plan épistémologique l’économie politique issue du néo-marginalisme, qu’il définit en tant que «science qui étudie le comportement humain comme relation entre les objectifs et les moyens rares susceptibles d’usages alternatifs».L’école mathématique de l’équilibre a repris et développé certaines découvertes du néo-marginalisme, en particulier dans le domaine de l’allocation efficiente des ressources. Ces recherches présentent un intérêt non douteux. Elles ne peuvent cependant être appréciées en faisant abstraction de l’échec du marginalisme et du néo-marginalisme en tant que théorie économique et théorie de l’économie politique.
Encyclopédie Universelle. 2012.